« La légende maorie raconte qu’un jour, le Dieu des Hommes et de la forêt découvrit que ses enfants, les arbres, tombaient malades à cause des insectes. Il appela alors tous les oiseaux, enfants de son frère, et leur demanda lequel d’entre eux était prêt à quitter la cime des arbres pour vivre au sol et sauver ses enfants. Seul le kiwi accepta d’abandonner ses plumes colorées pour devenir un oiseau nocturne sombre, robuste et sans ailes. Touché par son sacrifice et son humilité, le Dieu des Hommes et de la forêt fit du kiwi le plus connu et le plus aimé de tous les oiseaux. »
Cette série a une saveur particulière. C’est notre premier projet, celui qui marqua le début de notre aventure photographique en tandem. Un an d’immersion dans ce territoire mythique et fantasmé aux confins du monde. Un véritable éden de fjords, de montagnes déchiquetées et de forêts luxuriantes impénétrables, drapées de mousses, de lichens et de fougères arborescentes. Lorsque nous repensons à ce chapitre de notre vie, un souvenir revient sans cesse, immuable. Du sommet des falaises du sud, le vent glacial rugissait, murmure lointain du continent blanc. Le dernier rempart. Au-delà, plus rien d’humain. Cent mètres plus bas, un oiseau solitaire, petit point blanc perdu dans l’immensité, glissait avec élégance sur les creux d’une mer déchaînée. Un albatros.